Alzheimer : une piste chinoise prometteuse

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Et si la maladie d’Alzheimer pouvait être ralentie, voire partiellement inversée, grâce à une intervention sur le système lymphatique du cerveau ? En Chine, des équipes médicales expérimentent une technique chirurgicale innovante qui suscite l’intérêt de la communauté scientifique internationale.

La procédure, baptisée anastomose lymphatique-veineuse (LVA), consiste à relier certains vaisseaux lymphatiques du cou aux veines jugulaires. Réalisée sous anesthésie locale, cette opération mini-invasive vise à améliorer le drainage du liquide lymphatique cérébral. Selon ses promoteurs, elle permettrait d’évacuer plus efficacement les protéines toxiques, telles que la bêta-amyloïde, impliquées dans la dégénérescence neuronale caractéristique d’Alzheimer.

Des résultats encourageants

Les premiers résultats, rapportés par des hôpitaux publics chinois, sont encourageants : 60 à 80% des patients traités auraient constaté une amélioration de leurs fonctions cognitives. Certains, auparavant plongés dans un état de confusion avancée, auraient retrouvé une conscience de leurs besoins physiologiques, renoué le contact visuel et rétabli des interactions sociales. Des effets parfois perceptibles dès la première semaine après l’intervention.

Le mécanisme d’action reposerait sur l’accélération du flux lymphatique, estimée entre 30 et 50%, favorisant l’élimination des déchets métaboliques cérébraux et limitant l’inflammation neuronale. Des recherches complémentaires, associant cette chirurgie à des traitements médicamenteux, montrent également une réduction accrue des plaques amyloïdes chez l’animal.

Prudence et limites scientifiques

Mais la prudence reste de mise. Les données publiées demeurent limitées et l’absence de validation par des essais cliniques internationaux impose d’attendre avant de crier à la révolution. Si la technique, d’un coût relativement modéré, s’avère efficace à grande échelle, elle pourrait ouvrir une nouvelle voie dans la lutte contre Alzheimer, une maladie qui touche près de 50 millions de personnes dans le monde. Pour l’heure, l’espoir est permis, mais la science demande encore à être convaincue.

Qu’en est-il en France et en Belgique ?

En France et en Belgique, la LVA est bien connue et déjà utilisée en microchirurgie, mais uniquement pour traiter le lymphœdème, c’est-à-dire l’accumulation de lymphe dans les membres après certains cancers ou interventions chirurgicales. Cette microchirurgie consiste à relier des vaisseaux lymphatiques à des veines pour améliorer le drainage lymphatique, et elle est réalisée dans des centres spécialisés, comme le CHU de Montpellier ou des hôpitaux universitaires belges. Cependant, cette approche n’a jamais été appliquée dans le but de traiter des maladies neurodégénératives comme Alzheimer dans ces pays.

En France, la recherche sur le système glymphatique, qui joue un rôle clé dans le nettoyage du cerveau, est active, mais il n’existe pas, à ce jour, de protocole chirurgical visant à stimuler ce drainage pour traiter Alzheimer. Les essais cliniques en cours sur la LVA en Belgique concernent exclusivement le lymphœdème et non les pathologies cérébrales ou neurodégénératives.

 

 

Alessandra d'Angelo